À l’heure où de nouvelles règles entrent en jeu en France pour limiter les accidents, une étude australienne met en évidence l’effet d’un facteur peu soupçonné : les vibrations de l’habitacle. Ces dernières auraient un effet important sur la somnolence.
La somnolence : un risque majeur d’accidents
En cette période de vacances, avec la chaleur, les changements de rythme et les longs trajets, il ne faut pas négliger le risque lié à la somnolence au volant ! Selon les statistiques, près de 90000 accidents par an seraient liés à la fatigue et à la somnolence. Cette dernière multiplie par 8 les risques d’accidents. D’après l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA), c’est la première cause d’accidents mortels sur autoroute (26 %). Ces accidents liés à la somnolence surviennent dans 52 % des cas de jour, principalement au petit matin (entre 4h et 6h), ainsi que l’après-midi (entre 15h et 16h). Les signes de somnolence qui doivent alerter : paupières lourdes, bâillements répétés, raideurs dans le dos et la nuque, difficulté à maintenir une vitesse constante… Aux premiers symptômes, il vaut mieux faire une pause. Mais quelle est la cause de la somnolence ? Alcool, médicaments, manque de sommeil jouent un rôle certain, mais personne n’est à l’abri. D’après des chercheurs australiens, un facteur peu soupçonné est également à prendre en compte : les vibrations du véhicule.
Des vibrations soporifiques ?
L’influence des vibrations de l’habitacle sur la somnolence a été étudiée par une équipe interdisciplinaire de l’Institut Royale de Technologie de Melbourne conjuguant plusieurs domaines d’expertise concernant : le domaine des vibrations du corps humain, l’ingénierie des véhicules, la physiologie du sommeil et la réalité virtuelle. Récemment publiée dans le journal Ergonomics, l’étude qu’ils ont menée montre que les vibrations naturelles des voitures ont un effet soporifique, affectant les niveaux de concentration et d’alerte dès 15 minutes derrière le volant.
Un des deux responsables de l’étude, le professeur Steven Robinson, explique que les effets des vibrations sur les conducteurs n’étaient pas bien compris, malgré une évidence croissante que ces vibrations contribuent à la somnolence : « Quand vous êtes fatigué, il faut un peu de temps pour commencer à piquer du nez ; nous avons découvert que les vibrations douces transmises par les sièges auto pendant que vous conduisez peuvent endormir votre cerveau et votre corps », déclare-t-il. « Notre étude montre que des vibrations régulières de basse fréquence, du type de celles que l’on subit en conduisant des voitures et des camions, rendent progressivement les personnes somnolentes, même celles qui sont en bonne santé et ont bien dormi. Déjà 15 minutes après être entré dans la voiture, la somnolence a commencé à prendre racine. En une demi-heure, il y a déjà un effet significatif sur votre capacité à rester concentré et alerte. Pour améliorer la sécurité des routes, nous espérons que les sièges pourront inclure des caractéristiques permettant de perturber cet effet « berçant » et lutter contre la somnolence liée aux vibrations. »
Des simulations de conduites réalistes.
Encadrée par le professeur associé Mohammad Fard et le professeur Stephen Robinson, l’équipe de recherche a testé l’effet des vibrations sur la somnolence en plaçant 15 volontaires dans un simulateur de conduite qui reproduisait l’expérience de la conduite sur une route monotone à deux voies. Le simulateur était placé sur une plateforme pouvant vibrer à différentes fréquences. Les volontaires étaient testés deux fois : une fois avec des vibrations de basse fréquence (4 à 7 Hertz) et une fois sans aucune vibration pour comparer et déterminer l’effet des vibrations sur la somnolence.
La somnolence rend physiquement et physiologiquement plus difficile d’effectuer des tâches mentales, par conséquent le système nerveux de la personne essaie de compenser, ce qui se traduit par des changements du rythme cardiaque. En mesurant la variabilité du rythme cardiaque, les chercheurs ont ainsi pu obtenir une mesure objective de l’importance de la somnolence des sujets étudiés pendant les 60 minutes de chaque test. Au bout de 15 minutes du test avec vibrations, les volontaires montraient déjà des signes de somnolence. Au bout de 30 minutes, la somnolence était significative, et demandait déjà un effort conséquent pour maintenir les performances cognitives et l’attention. La somnolence augmentait progressivement durant le test, et était maximale à la fin des 60 minutes.
Des pistes pour augmenter la sécurité routière ?
Le professeur Mohammad Fard pense que des études supplémentaires sont nécessaires pour compléter cette étude et comprendre comment les vibrations peuvent affecter différentes catégories de personnes : « Nous souhaitons réaliser les mêmes tests sur plus de personnes, notamment pour étudier à quel point l’âge peut modifier la vulnérabilité à la somnolence induite par les vibrations, ou encore pour évaluer l’impact de problèmes de santé tels l’apnée du sommeil. Notre recherche a de plus suggéré que les vibrations à certaines fréquences pourraient avoir un effet opposé, en gardant les gens éveillés.
Nous souhaitons de plus examiner une plus grande variété de fréquences afin de savoir quels designs de voiture pourraient exploiter ces « bonnes vibrations ». À quand les sièges vibrants anti-somnolence ? En attendant, roulez prudemment !
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