Les rhinocéros qui vivent dans un parc national au Kenya sont confrontés à une nouvelle menace en plus du braconnage : des bactéries microscopiques et résistantes aux médicaments.

Des scientifiques ayant mené une étude récemment publiée dans le journal EcoHealth, ont découvert que des échantillons de la bactérie retrouvés chez ces animaux en danger de disparition dans le Parc National Ruma, avaient développé des taux alarmants de résistance aux antibiotiques.

Le Parc National Ruma est une vaste zone protégée qui se trouve sur les berges du Lac Victoria.

Les rhinocéros semblent être devenus des victimes inattendues de la surconsommation mondiale de médicaments.

La résistance à ces antibiotiques augmente du fait que les individus en prennent pour des maladies non bactériennes et ne finissent pas leur prescription, permettant aux bactéries de se remettre et de s’adapter ; et parce que de nombreux agriculteurs utilisent de manière excessive ces médicaments pour traiter leur bétail.

L’équipe de scientifiques, qui incluait Collins Kipkorir Kebenei de l’Université de Maseno, a utilisé des échantillons de selles pour étudier les taux de résistance de ces bactéries retrouvées chez 16 rhinocéros noirs.

Ils ont isolé des échantillons d’E. coli à la fois dans les selles humaines et des rhinocéros, et ont étudié à quel point ces bactéries étaient résistantes à huit des principaux antibiotiques utilisés dans le monde : ampicilline, gentamicine, tétracycline, cotrimoxazole, chloramphénicol, ceftriaxone, amoxicilline et érythromycine.

Les taux de résistance de la bactérie enregistrés chez les rhinocéros et chez les hommes étaient comparables pour quatre des antibiotiques. Les bactéries chez les rhinocéros étaient plus résistantes que chez les hommes pour deux d’entre eux.

C’est un réel problème car les rhinocéros – qui sont déjà menacés d’extinction par le braconnage – sont sensibles à la tuberculose bovine, d’après ce que des chercheurs du Parc National Kruger en Afrique du Sud ont découvert.

La résistance aux antibiotiques pourraient rendre le traitement moins efficace contre cette maladie.

« Si les rhinocéros sont malades, ils doivent être soignés – et quel genre de médicaments peut être utilisé chez ces animaux ? » explique Collins Kipkorir Kebenei.

Les rhinocéros sont déjà en danger d’extinction. Il en reste 29 000 dans le monde, dont 5% sont au Kenya, d’après les chiffres de la Fondation Internationale pour les Rhinocéros.

Les chercheurs ne savent pas encore comment les rhinocéros sont exposés à cette bactérie résistante aux médicaments. Cela pourrait être en buvant l’eau du fleuve Lambwe, qui traverse le Parc National de Ruma et charrie des déchets contenant cette bactérie. Ou par le contact avec les rangers qui les protègent des braconniers.