L’Europe a dévoilé son « Green Deal » mercredi en parallèle des négociations de l’ONU sur le changement climatique, tandis que la militante suédoise Greta Thunberg critiquaient les dirigeants mondiaux qui « trainent des pieds« . Le Green Deal vise à réduire la dépendance aux carburants fossiles.

Avec les incendies, les inondations et les sécheresses qui ruinent des millions de vies dans le monde entier, la nouvelle présidente de la Commission Européenne a comparé le lancement du Green Deal au lancement de la conquête de la Lune par les États-Unis. Ursula von der Leyen a déclaré espérer que cette annonce de l’Union Européenne inciterait d’autres gros pollueurs à suivre le mouvement.

Néanmoins, le gouffre entre le rythme d’action de l’Europe et des autres grandes économies et le type de changement transformationnel qui, selon les scientifiques, est nécessaire pour préserver un climat hospitalier, a alimenté la colère lors des négociations de l’ONU à Madrid.

« Je suis sûre que si les gens entendaient ce qui se passe et ce qui a été dit dans ces meetings, ils seraient outragés » a déclaré Greta Thunberg aux participants. Cette dernière a été nommée mercredi Personne de l’Année 2019 par le Times magazine.

« Il semble que certains pays prennent comme une opportunité de négocier des vides juridiques et évitent ainsi d’augmenter le niveau de leurs ambitions » a-t-elle ajouté.

Quelques heures plus tard, la police devait faire sortir plus de 100 jeunes militants, dont certains pleuraient et demandaient avec colère une « justice climatique », dans une rare démonstration d’émotions viscérales dans ce cadre de négociations généralement très placides.

« C’est un signal terrible pour le monde. S’ils pensent qu’ils peuvent continuer comme ça, ils ont tort » a déclaré Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International, qui a quitté les négociations pour soutenir les jeunes militants.

A Bruxelles, la présidente de la Commission Européenne Ursula Von der Leyen a présenté le Green Deal, sa première proposition majeure depuis son entrée en office le 1er décembre, comme une étape majeure vers l’engagement de l’Union Européenne à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Le discours d’Ursula Von der Leyen contrastait vivement avec la décision du Président américain Donald Trump de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris et des négociations climatiques mondiales. Cependant, de nombreux militants climatiques s’interrogent sur la rapidité avec laquelle l’Union Européenne sera capable d’adopter un avenir sans carbone.

Les États de l’est européen, très dépendants au charbon, veulent obtenir des garanties financières avant de soutenir le Green Deal, et les militants préviennent que l’initiative est encore loin des mesures drastiques qu’il faudrait mettre en place pour sauver les écosystèmes en disparition.

« Nous sommes dans un train qui file à vive allure vers l’effondrement écologique et climatique et la Commission Européenne change gentiment les vitesses alors qu’elle devrait freiner brutalement » a déclaré Jagoda Munic, directeur du groupe environnemental Amis de la Terre Europe.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déclaré qu’il espérait que le Green Deal lancerait un cercle vertueux dans lequel d’autres émetteurs importants tels que l’Inde, la Chine et le Japon s’engageraient aussi à des mesures importantes dans le cadre de l’Accord de Paris 2015.

« Si nous continuons comme nous le faisons, nous sommes condamnés » a-t-il déclaré. Jusqu’à présent, 80 pays représentant 10,5% des émissions mondiales, ont promis d’augmenter leurs objectifs climatiques pour 2020, principalement dans le cadre d’une nouvelle « Alliance Ambition » lancée par Antonio Guterres en septembre.

Des centaines d’entreprises et de gros investisseurs se sont aussi engagés à soutenir les objectifs de Paris.

L’année prochaine s’annonçant décisive pour les efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique, la Commission Européenne a promis de dévoiler de nouvelles lois en mars pour rendre l’Union Européenne neutre en carbone d’ici 2050 dans le cadre du Green Deal.