Alors qu’une vraie polémique est née autour des prix du carburant en France avec notamment le mouvement des gilets jaunes, et que le gouvernement semble prôner le tout électrique pour l’avenir du marché de l’automobile, l’AVERE-France, Association nationale pour le développement de la mobilité électrique, a publié un communiqué sous forme de questions/réponses pour faire le point sur la réalité du véhicule électrique aujourd’hui et « corriger quelques idées et déclarations approximatives voire erronées« . En voici les éléments principaux.
Quel prix pour un véhicule électrique ?
D’aucuns arguent qu’une voiture électrique est trop chère à l’achat et n’est donc réservée qu’à l’élite. D’après l’AVERE-France, « le bonus écologique (jusqu’à 6 000 euros) et la prime à la conversion (PAC) rendent aujourd’hui la voiture
électrique accessible à un prix quasiment équivalent à celui d’une thermique similaire. Aujourd’hui, il est déjà possible d’acquérir un véhicule électrique neuf à partir de 90 euros par mois, batterie incluse, grâce aux formules de location longue durée. En 2019, sous certaines conditions, le montant de la prime à la conversion va être augmenté pour permettre aux ménages les plus modestes, ou sans autre solution de transport, de s’engager dans la transition écologique. Ce bilan positif devrait donc s’améliorer. Et le prix des véhicules électriques devrait baisser. En effet, d’après plusieurs études, ils pourraient être compétitifs face à leurs équivalents thermiques sans subvention à compter de 2024. Enfin, les coûts de fabrication des batteries devraient diminuer de 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2008. »
Comment recharger son véhicule électrique ?
L’un des arguments brandis par les détracteurs du véhicule électrique est la difficulté à trouver des bornes pour « faire le plein » de son véhicule, autrement dit pour recharger ses batteries. Si l’on en croit les communiqués, « Plus de 90 % des recharges s’effectuent à domicile ou sur le lieu de travail, possiblement sur une simple prise ! Dans les autres cas, les collectivités territoriales et le secteur privé continuent d’investir dans des réseaux de recharge. Aujourd’hui, il y a plus de 23 000 points de recharge accessibles à tous, répartis sur plus de 10 000 stations à travers l’hexagone (+ 15 % rien que cette année) à mettre en regard des 11 000 stations-services « classiques » existantes, faisant de la France le troisième pays européen le mieux équipé. Même si des disparités entre territoires existent, cela représente en moyenne 1 point de recharge pour 6 véhicules. »
Quels types de trajet peut-on faire ?
Longtemps associée aux trajets quotidiens en milieu urbain, l’AVERE-France insiste sur l’amélioration constante des capacités d’autonomie (d’ici 2019 on attend des modèles dotés d’une autonomie de 500 km) des véhicules électriques, qui pourraient à terme devenir le véhicule principal d’un ménage.
Faudra-t-il construire de nouvelles centrales nucléaires ?
« Contrairement aux idées reçues, le développement des voitures électriques ne nécessitera pas de nouveaux réacteurs nucléaires. Aujourd’hui, considérant les kilomètres parcourus chaque jour, recharger son véhicule électrique à domicile représente le même appel de puissance et la même consommation qu’un chauffe-eau. Ainsi, l’efficacité énergétique des véhicules, la gestion intelligente des bornes de recharge et les pratiques des utilisateurs, telle la recharge de nuit, permettront de ne pas augmenter les capacités de production d’électricité, même avec 15,6 millions de véhicules électrifiés attendus en 2035 ».
Les ressources en terres rares seront-elles suffisantes ?
D’après l’AVERE, si d’une part la quantité de terres rares utilisées pour la production d’un véhicule électrique n’est pas significative, il est d’autre part « déjà possible de s’en passer. Plusieurs technologies ont ainsi été développées par des
constructeurs de véhicules électriques afin de pouvoir facilement les remplacer. »
Quid des batteries lithium ?
Connues pour avoir un impact environnemental important tant à l’extraction qu’au stade de déchet, le lithium contenu dans les batteries des véhicules électriques est souvent montré du doigt. L’AVERE insiste pour sa part sur la filière de recyclage qui est en train de se développer. « Alors que l’Union Européenne exige depuis 2006 le recyclage de 50 % des composants des batteries lithium, la filière du recyclage est aujourd’hui capable d’en recycler plus de 80 %. Les entreprises du secteur se préparent dès maintenant afin d’accueillir les premières batteries à partir de 2025. De plus, l’industrie et la recherche travaillent au développement de techniques permettant de les recycler à l’infini, assurant une indépendance vis-à-vis des pays producteurs, et d’inscrire la filière batterie dans l’économie circulaire. »
Véhicule électrique versus véhicule thermique
« En matière d’émissions de CO2, celles-ci se concentrent durant la phase de fabrication du véhicule électrique et sur la production de l’électricité. Contrairement à son équivalent thermique, il n’émet pas de CO2 en phase d’utilisation. Autrement dit, plus un véhicule électrique roule, meilleur est son bilan carbone par rapport à son équivalent thermique. Par ailleurs, d’après une analyse de Transport & Environment, même dans le cas d’une production d’électricité fortement carbonée comme en Pologne, le véhicule électrique émet 25 % de CO2 de moins que son équivalent thermique émettant 120 gCO2/km en moyenne. »
Quid du cobalt ?
L’AVERE concède toutefois un inconvénient aux véhicules électriques. La grande dépendance au cobalt pour leur production. Cependant, d’après le groupe il existe des solutions. « L’extraction du cobalt est un enjeu géopolitique fort, puisque 50 % des réserves mondiales se situent en République Démocratique du Congo. Il existe cependant de nombreuses mines à travers le monde comme en Australie, au Canada ou en Russie. L’Europe dispose également d’un potentiel non-négligeable avec plus de 230 gisements répertoriés dont plusieurs sont déjà en exploitation comme en Finlande. L’approvisionnement pourrait se tendre dès 2025, avec une demande deux fois supérieure à la production. Il est donc important de trouver des alternatives dès aujourd’hui, en travaillant sur trois axes : réduire voire supprimer la teneur en cobalt comme le font déjà plusieurs constructeurs, avancer sur des métaux de remplacement comme le nickel, plus abondant sur Terre, et anticiper une filière du recyclage des batteries ».
En conclusion, l’AVERE précise : « Le véhicule électrique est donc un instrument efficace de lutte contre le changement climatique et la pollution atmosphérique, ainsi que de la transition énergétique. Un bilan indéniablement positif qui ne fera que
s’améliorer qu’avec la réutilisation des batteries et le développement des énergies renouvelables… auquel le véhicule électrique participe activement. N’oublions pas que le premier véhicule électrique de dernière génération est arrivé en concession en 2010 : la technologie, encore jeune, devrait connaître quelques belles évolutions dans les années à venir ! »