Un million d’animaux et d’espèces de plantes sont sur le point de disparaître en raison de la poursuite incessante de la croissance économique par l’humanité, ont annoncé lundi des scientifiques dans un rapport historique sur l’impact dévastateur de la civilisation moderne sur le monde naturel.
Les scientifiques du monde entier ont lancé un appel aux gouvernements et aux entreprises pour que ces derniers se confrontent aux « intérêts personnels » qui selon eux bloquent les réformes dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie et de l’exploitation minière, ces réformes étant nécessaires pour sauver les écosystèmes de la planète.
« Si nous voulons laisser un monde à nos enfants et à nos petits-enfants qui ne soit pas détruit par l’activité humaine, alors nous devons agir maintenant » a déclaré Robert Watson, qui a présidé l’étude, réalisée par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui regroupe 130 pays, y compris les États-Unis, la Russie et la Chine.
« Si nous n’agissons pas maintenant, une grande partie du million d’espèces menacées s’éteindront comment le dodo sur cette cravate » a déclaré Robert Watson lors d’une conférence de presse à Paris, montrant sa cravate à l’effigie de dodos, ce volatile de l’Océan Indien disparu depuis des centaines d’années.
Appelé « Évaluation Mondiale », le rapport a montré que jusqu’à un million des huit millions d’espèces animales, d’insectes et de plantes de la Terre étaient menacées d’extinction, d’ici quelques décennies
Le rapport identifie l’agriculture industrielle et la pêche comme les principaux facteurs de la crise, le taux actuel d’extinction d’espèces étant dix à cent fois plus important que la moyenne des 10 dernières millions d’années.
Le changement climatique causé par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz produits par l’industrie des énergies fossiles exacerbe ces pertes, d’après le rapport.
L’étude de l’IPBES – la plus importante et la plus complète jamais entreprise pour évaluer le sort des hommes et du monde naturel – a été finalisée à Paris après d’intenses négociations des membres de l’IPBES qui se sont achevées à 3h du matin dimanche.
Le rapport représente la pierre angulaire d’un corps émergent de recherches qui suggèrent que le monde doit adopter une nouvelle forme « post-croissance » d’économie s’il veut éviter les risques existentiels posés par les effets de la pollution, de la destruction des habitats et du changement climatique.
Réalisé sur trois ans et basé sur 15 000 articles scientifiques, le rapport a identifié un ensemble de risques, depuis la disparition d’insectes essentiels à la pollinisation des cultures agricoles, à la destruction des récifs de corail qui soutiennent les populations de poissons, et la perte de plantes médicinales.
La liste des espèces menacées inclue plus de 40% d’espèces d’amphibiens, près de 33% de coraux, de requins et assimilés, et plus d’un tiers de mammifères marins. L’avenir semble moins clair pour les espèces d’insectes mais une estimation suggère que 10% d’entre eux pourraient disparaître.