Les bourdons vivent mieux en ville qu’à la campagne.

 » Les bourdons vivent mieux en ville qu’à la campagne.

Qui est le plus heureux, le bourdon des villes ou celui des champs ? Une étude britannique a mis en évidence que les colonies de bourdons se développent mieux dans les paysages urbanisés que dans les surfaces agricoles.

Des pollinisateurs efficaces
Parmi les insectes, les bourdons sont non seulement des hyménoptères à l’allure sympathique, avec leurs formes rondes et leur « fourrure » rayée de noir, jaune et blanc, mais ce sont également d’excellents et précieux pollinisateurs, capables de polliniser une grande variété de plantes même lorsque les températures sont peu favorables aux autres espèces. Appréciés par l’agriculture pour leurs services, ces pollinisateurs ne semblent en retour pas tellement heureux de vivre en zone agricole, du moins si l’on compare cette dernière avec des sites plus urbanisés. Les recherches aboutissant à cette conclusion ont été menées en Angleterre par des chercheurs de l’Université et de l’Imperial College de Londres.

Des colonies de pollinisateurs bien suivies
L’étude, publiée dans le journal Proceedings of the Royal Society B, consistait à installer des reines de bourdon terrestre (Bombus terrestris) dans des nids artificiels, puis à disposer ces nids dans 38 jardins et fermes au sud-ouest de Londres et les suivre pendant environ 10 mois, c’est-à-dire durant la durée de vie moyenne d’une colonie de bourdons. Chaque colonie était contrôlée une fois par mois, durant la nuit car c’est le moment où tous les bourdons sont retournés au nid. Le nombre d’individus, les quantités de pollen et de nectar étaient alors observés et notés. De plus, les bourdons reproducteurs mâles et femelles (nouvelles reines) étaient enlevés et dénombrés, ce qui permettait d’évaluer le succès reproducteur de la colonie. Enfin, la présence de bourdons parasites Bombus vestalis (espèce dont les reines envahissent les colonies de bourdons terrestres pour y pondre et faire élever leur propre progéniture) était documentée, de même que celle de maladies et parasites internes des ouvrières. Les caractéristiques des différents sites d’implantation des nids de bourdons étaient également notées et ont permis de procéder à une catégorisation en trois types de paysage: sites urbains (17 sites), villages (16 sites), aires agricoles (5 sites).

Des paysages agricoles moins favorables à ces pollinisateurs
L’étude britannique met en évidence un effet fort et significatif de l’environnement sur le succès des colonies de bourdons: les reines de bourdons survivent mieux, se reproduisent mieux et les nids contiennent des quantités supérieures de nourriture et sont moins parasités par les bourdons Bombus vestalis dans les endroits urbanisés (villes et villages) que dans ceux consacrés à l’agriculture. De précédentes recherches avaient montré que , comparées aux paysages agricoles, les zones urbaines pouvaient être plus favorables à des pollinisateurs comme les abeilles ou les bourdons, mais cette étude est la première à contrôler de façon aussi précise le succès reproducteur de pollinisateurs sauvages. Les causes de ces différences pour les bourdons sont encore à déterminer précisément. La nourriture dans les paysages agricoles peut être moins disponible pour les pollinisateurs comparée aux zones urbaines : même si les endroits les plus urbanisés n’ont pas de grandes surfaces fleuries, l’abondance et la disponibilité dans le temps de fleurs intéressantes pour les pollinisateurs comme source de nourriture peut être supérieure à celle des zones agricoles (les cultures sont plus homogènes : la floraison des cultures est limitée dans le temps et les herbicides limitent la présence d’autres fleurs appréciées des pollinisateurs). Les auteurs n’excluent pas non plus l’influence sur les bourdons des pratiques agricoles, notamment l’usage de produits insecticides : les néonicotinoïdes, dont la toxicité pour les pollinisateurs commence à être bien documentée, ont été interdits par l’Europe sur les cultures en fleurs peu avant les recherches, mais ils peuvent persister à assez long terme dans l’environnement, et d’autres familles d’insecticides peuvent également affecter les pollinisateurs.
Il faut cependant se garder de généraliser ces résultats à tous les pollinisateurs : l’espèce de bourdons étudiée est une espèce généraliste, l’impact de l’urbanisation sur des espèces de pollinisateurs plus spécialisés peut être tout autre. D’autre part, les caractéristiques du paysage et de ses usages dans cette zone de l’Angleterre peuvent différer de celles d’autres endroits. Mais à l’heure où différentes études montrent une diminution importante des populations d’insectes, d’oiseaux et de chauves-souris, ces recherches mettent en lumière les dangers planant sur des animaux particulièrement importants pour les écosystèmes mais également pour l’Homme : les pollinisateurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.