Des chercheurs ont mis en évidence que les nanoparticules de plastique peuvent s’accumuler dans les organismes marins et contaminer les chaînes alimentaires.
Une pollution grandissante qui présente des risques pour la santé
Arrivant dans nos assiettes, une nouvelle pollution pourrait affecter la santé humaine. La pollution des océans par le plastique est une menace croissante. On estime que les océans contiendraient déjà plus de 150 millions de tonnes de plastique, et que, chaque année, environ huit millions de tonnes sont rejetés dans les océans. Le plastique se dégrade difficilement. En environnement marin, il persiste, mais est morcelé en tout petits morceaux par le soleil, les vagues et l’action microbienne. Les fragments de plastique inférieurs à un micromètre, appelées nanoparticules, sont transportées par les courants et disséminés même dans les zones les plus reculées de la planète.
Des balanes pour suivre la pollution des océans par les plastiques
Ces nanoparticules de plastique peuvent être ingérées par les organismes marins qui se nourrissent en filtrant l’eau, tels que les balanes, les vers marins ou encore de nombreux mollusques. Jusqu’ici, on ne savait pas vraiment si ce plastique ingéré persistait dans le corps des animaux. Une étude publiée par une équipe de chercheurs de l’Université Nationale de Singapour (NUS) apporte un éclairage sur les conséquences possibles de cette pollution.
Les nanoparticules de plastiques présentent un risque avéré
Un bon modèle d’étude Les scientifiques du NUS ont étudié l’effet des nanoparticules de plastique chez une espèce de crustacés, la balane Amphibalanus amphitrite. « Nous avons choisi d’étudier cette espèce car son court cycle de vie et la transparence de son corps permettent facilement d’y suivre les mouvements des nanoparticules de plastique » explique Samararth Bhargava, premier auteur de l’article.
Les scientifiques ont additionné la nourriture des balanes de nanoparticules de plastique d’une taille d’environ 200 nanomètres, teintés par un produit fluorescent. Les larves étaient exposées à deux traitements différents. Dans le premier cas, les chercheurs ont placé des larves pendant trois heures dans une solution contenant 25 fois plus de nanoparticules que ce qui est actuellement estimé pour les océans. Dans l’autre, elles étaient placées pendant quatre jours dans des solutions contenant de faibles teneurs en nanoparticules.
Les larves étaient ensuite récupérées et examinées au microscope. La distribution et le mouvement du plastique étaient estimés grâce à sa fluorescence.
Des nanoparticules néfastes pour l’environnement
Des nanoparticules envahissantes et persistantes. Bien que certaines aient été éliminées de façon naturelle, l’équipe de chercheurs a mis en évidence la présence continuelle de nanoparticules de plastique à l’intérieur du corps des animaux, et ce jusqu’à l’âge adulte. « Les balanes sont présentes dans tous les océans du monde. Cette accumulation de plastique dans leur organisme est inquiétante. » explique le Dr. Serena Teo, qui a co-encadré ces recherches. « Les balanes sont en bas de la chaîne alimentaire, mais ce qu’elles consomment sera transféré aux organismes qui les consomment. De plus, les nanoparticules de plastique peuvent fixer d’autres polluants présents dans l’eau.
Des substances transmissibles aux espèces marine
Ces substances toxiques peuvent ainsi être transférées aux espèces suivantes dans la chaîne, et en arriver à endommager les écosystèmes marins et la santé humaine » précise le biologiste Dr Neo Mei Lin, autre auteur de l’article. Une pollution par les plastiques pourrait ainsi augmenter les effets d’autres polluants. L’équipe se penche actuellement sur l’impact des nanoparticules de plastique sur d’autres invertébrés marins, et souhaite évaluer leur transfert d’une espèce à l’autre, afin de mieux appréhender les conséquences de cette pollution marine.