Deux associations militant pour le bien-être animal, L214 et CIWF (Compassion in World Farming), ont dénoncé la semaine dernière les conditions de vie désastreuses des poissons d’élevage, tant au niveau de l’élevage que de la façon dont ils sont abattus dans l’Union Européenne et notamment chez le groupe Aqualande, producteur de truites, en Nouvelle-Aquitaine. L214 a ainsi dévoilé une vidéo tournée dans les locaux d’Aqualande et qui montre des poissons entassés les uns sur les autres dans des bassins minuscules et nageant parmi leurs congénères morts, à cause d’un manque d’oxygène et du manque de place.
A Aqualande, L214 dénonce l’élevage intensif des truites, qui provoque chez elles « un fort degré de stress, des blessures et des maladies« . L’association a aussi « découvert sur place » que les truites faisaient l’objet de manipulation génétique pour n’obtenir que des femelles, qui grossissent plus vite que les mâles. « Ils obtiennent des truites triploïdes stériles, qui grossissent plus que les autres. On a appris qu’ils donnent à des alevins femelles de la méthyltestostérone afin d’en faire des ‘néomâles’ qui à leur tour ne donneront que des femelles« , explique au journal Le Monde Sébastien Arsac, porte-parole de l’association.
Outre l’élevage, L214 dénonce aussi la façon dont sont abattues les truites, par étourdissement en dioxyde de carbone, qui entraîne « des réactions douloureuses chez les poissons« . « Les poissons sont immobilisés, mais ne perdent conscience qu’au bout de plusieurs minutes« , leur laissant le temps de souffrir et de connaître un niveau de stress important.
Aqualande, qui d’après son site internet est « le leader européen de l’élevage de truites en Europe« , compte 41 piscicultures dans le sud-ouest de la France et jusqu’en Espagne. Les trois-quarts des truites fumées vendues en France proviennent de leurs élevages. « Les poissons souffrent aussi, et si nous les laissions hors de nos assiettes ? » suggère L214 dans sa vidéo, mise en ligne sur YouTube.
Parallèlement, l’association CIWF a pointé du doigt la situation peu envieuse des bars, dorades et saumons d’élevage dans l’Union Européenne, qui sont aussi souvent confrontés à une surpopulation dans les bassins d’élevage.
Interrogé par le journal Le Monde, Stéphane Dargelas, directeur marketing et communication du groupe Aqualande, a déclaré que les conditions d’élevage avaient beaucoup progressé.
En 2015, 50 millions de tonnes de poissons vendus venaient d’élevage, d’après la FAO (Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture). Au niveau européen, 500 millions à 1,7 milliard de poissons sont abattus chaque année, rapporte le CIWF.